Dans le département de l'Ain, la pêche dans la Dombes se pratique depuis le Moyen-Age. A cette période, moines et châtelains transformèrent de vastes zones marécageuses en étangs pour répondre à leurs besoins alimentaires. Ces étangs peu profonds ont permis la mise en place d'un type d'exploitation du sol original qui alternait les périodes de mise en eau propices pour la pêche (le poisson étant la seule source de protéine autorisée par l’église les jours maigres) et les périodes de mise à sec permettant les cultures céréalières. Pendant près de huit siècles, cette activité rurale s'est organisée et perfectionnée donnant naissance à des techniques aussi complexes qu'anciennes qui nécessitent une maîtrise du milieu et de ses contraintes.
Chaque année, d'octobre à mars, les jours de pêche sont des événements très attendus par les pêcheurs mais également par les nombreuses personnes qui viennent assister au spectacle qu'offre cette pratique ancestrale.
Si la pêche se pratique le temps d'une journée, elle nécessite néanmoins que les étangs soient vidés au préalable. Cette opération est réalisée par des pêcheurs expérimentés à l'aide du thou, ouvrage en ciment muni d’une bonde permettant de retenir l’eau ou de l’évacuer. Ensuite, le matin du jour de pêche, des hommes équipés de cirés et de cuissardes déploient leurs filets dans l'étang, puis ils les resserrent jusqu'à la pêcherie, le point le plus profond, et ce afin d'y regrouper le poisson. Différents filets sont alors utilisés, chacun ayant une maille adaptée au type de poissons que les pêcheurs souhaitent attraper : carpes, brochets, gardons ou rotengle, etc. Une fois sortis de l'eau, les poissons sont déposés sur une table de tri appelée gruyère avant d'être transportés dans les cuves d’un camion-vivier. Leur destination finale reste variable : vente au marché ou aux restaurateurs, exportation à l'étranger, repeuplement des étangs par les sociétés de pêche. Une fois l'opération terminée, le thou est refermé et l'étang reprendra son fonctionnement cyclique annuel : remplissage d'eau, empoissonnement réalisé avec des alevins d'espèces et de tailles différentes, puis à nouveau la vidange et la pêche. Une phase supplémentaire intervient tous les 3 ou 4 ans durant laquelle l’étang reste sec pendant au moins une saison : cette période est nommé l'assec.
La transmission de ce savoir piscicole repose principalement sur son caractère collectif et familial qui permet l'apprentissage des techniques sur le terrain. Néanmoins, ces dernières années, certains lycées professionnels de la région ont mis en place au sein des formations piscicoles un enseignement lié à ce savoir-faire.
Cette pêche est aujourd'hui le moteur d'une activité économique locale puisque la Dombes figure parmi les premières régions piscicoles en eaux douces de France. Riche de ses « mille étangs » entretenus et exploités dans le respect des traditions séculaires, la Dombes offre un cadre vert abritant une biodiversité importante. Situé aux portes de la ville de Lyon, ce paysage est aussi la source d'une attractivité touristique et gastronomique.
L’étang a été vidé pour la pêche, en laissant l’eau se réfugier dans le bief creusé au fond de l’étang
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Les techniques de pêche ont traversé les siècles avec très peu de modifications et représentent une somme de connaissances sur la nature, acquises au fil des années et de l’expérience. La pêche met en jeu un savoir faire unique, non transmissible par un enseignement qui serait éloigné de la pratique et du contexte local.
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Les pêcheurs de part et d’autre du bief, tirent le filet pour ramener le poisson vers la pêcherie
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
L’opération consiste à tirer le filet en maintenant le bas du filet au fond de l’étang avec l’arpie, bâton crocheté, pour que le poisson ne s’échappe pas par dessous
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Les pêcheurs sont à pied d’œuvre : ce sont des fermiers, des voisins, des copains, une douzaine d’hommes en tout
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Le filet est déployé en travers, les pêcheurs s’attellent à la corde, 5 de chaque coté. Chaque équipe tire à tour de rôle, une fois à droite une fois à gauche.
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Le filet qui peut atteindre quarante mètres de long ; sa partie inférieure est lestée de boules de plomb "les fers" qui balayent le fond du bief; son bord supérieur est garni de gros flotteurs en liège "les lièges". Le rôle des fers et des lièges est d'assurer la verticalité du filet dans l'eau.
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Les pêcheurs et le poisson sont concentrés dans la pêcherie.
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Les bacs de triage n’attendent plus que le poisson
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Les pêcheurs s’installent le long de « la gruyère », aux postes de triage du côté de la pêcherie.
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
« La gruyère », le banc de tri, installée sur des tréteaux devant la pêcherie.
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Les jeunes pêcheurs offrent leur force pour porter le résultat de la pêche
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012
Villard les Dombes, Ain // octobre 2012